DE LA VILLE DE PARIS.
27
[i568]
leur advis sur ce qui avoit esté proposé par ledict sr de Lansac.
Et pour tant, après avoir oy la teneur des lettres du Roy tendantes à mesme fin, auroit esté advisé par la pluralité des personnes de ladicte assemblée que l'affaire qui se proposoit estoit de grandissime conse­quence, tant pour les marchans que pour toutes sortes de personnes, de tous estatz, habitans en ceste-dicte ville de Paris, d'autant que si le marchant, après s'estre obligé, estoit trouvé en païs estrange, il pourroit estre pris au corps, retenu et emprisonné pour ung million de livres, à quoy il seroit obligé pour estre de Paris, et que par ainsy se seroit ung moien de faire cesser le commerce;
Quant à ceulx qui ont des terres aux champs, à faulte de paiement, ilz pourroient donner occasion aux Allemans de rentrer, voire avecq quelque droict, dans quelque temps, en armes en ce roiaulme, pour prandre possession des terres de leurs creanciers; que ayant par eulx choisy Paris et les plus fidelles au Roy et catholicques, il estoit à craindre qu'il y eust là dessoubz quelque chose de caché; bref que l'on craignoit grandement la consequence de l'obligation requise par led. duc, qui concernoit ct louchoit tant tous les estatz et particuliers de ceste-dicte Ville qu'ilz estoient d'advis qu'ilz y feussent assemblez en plus grand assemblée, avant que pas­ser oultre; joinct que lad. obligation ne pouvoit estre que honteuse, estant faicte à nostre ennemy.
A l'instant auroit esté rapporté à ladicte assem­blée que ledict sr de Lansac estoit dehors, attendant la responce de ladicte compaignie. Et pour ce qu'il auroit esté trouvé bon de le faire rentrer en ladicte grand salle et luy proposer les difficultez qui se presentoient, auroit esté prié par l'un de mesd. s™
les Eschevins de vouloir entrer en ladicte assemblée : ce qu'il avoit faict.
Et de faict, seroit entré en icelle avecq mond. sr de Granville, ausquelz mondict sr le Prevost des Marchans auroit declairé les difficultez dessusdictes et combien l'on trouvoit lad. obligation dangereuse, pour les causes cy dessus touchées.
Lequel auroit faict responce qu'il ne falloit aucu­nement craindre de passer ladicte obligation pour toutes lesdictes difficultez, d'autant que la Ville avoit le Roy, messeigneurs ses freres, la Royne, mess" les Cardinaulx de Guise etde Loraine, mess™ les Mares­chaux de Montmorency W, d'Amville ^ et de Cossé, mess" les Intendans des finances, Tresoriers dcl'Es-pargne, luy et plusieurs autres du Conseil du Roy, pour les indempniser, tant solvables qu'il ne falloit que la Ville feist aucune difficulté de passer lad. obligation, et que, en ce faisant, elle ne faisoit que prester son nom. Les priant, pour ce regard, ne vou­loir aucunement différer, ains de considerer combien nous estoit pernicieux le long séjour desd, estrangers en nostre France. Puis se seroit retiré.
Au moien de quoy, auroit esté conclud par la plu­ralité des personnes de lad. compaignie de ne remet­tre la matiere en plus grand longueur, ains passer les obligations que le Roy demande, en corps et en general, et non en particulier ; et ce soubz toutesfois et moiennant les indempnitez susdictes. Et au surplus supplier Sa Majesté, en ce faisant, de ne vouloir con­traindre lesd, habitans pour les xiii^xl" livres par cy devant demandez à icelle Ville, ayant esgard à ladicte obligation et autres grans deniers qu'ilz ont par cy devant fourniz pour son service, ains recepvoir seullement de gré à gré ce qui sera apporté par lesd, habitans, selon leurs facultez.
XLVII. — Ordonnance pour la garde des portes le jour de Pasques.
i5 avril i568. (Fol. 83 v°.)
k #e par les Prevost des Marchans et Eschevins de la ville de Paris.
"Pour obvier à tout desordre qui pourroit advenir en ceste Ville, le jour de Pasques prochain, il est ordonné que les cappitaines et bourgeois qui feront la garde des portes, ledict jour, tiendront la bacùlle ou tappecul de devant lesd, portes avallé et fermé, pour ne laisser entrer nulles charrettes ou autres charges,
sans passeport, et ne tenir que le guichet ouvert, si ce n'estoient seigneurs remarquez et bien congneuz, logez ès faulxbourgs, ausquelz l'on ne donnera aucun empeschement.
k Faict au Bureau de lad. Ville, le xv" Apvril 1568. i Pour l'execution du present mandement, en a esté envoyé une coppie à chascun des seize Quarteniers d'icelle Ville.
"' François de Montmorency, fils ainé du Connétable. (Voir ci-dessus, page 24, note 4.)
(!) Henri de Montmorency,"comte de Damville, frère puîné du précédent, né le i5 juin i534 à Chantilly, mort le 2 avril i6i4, à Agde. Henri IV le nomma Connétable de France en décembre i5g3.
4.